Les bières, les cidres et les vins de chez nous

286, chemin Coulombe
Étang-du-Nord ( Québec )
J3G 2P5
Tél. : 418-986-5005

Cette microbrasserie des îles de la Madeleine, quoique la plus éloignée des grands centres, n’a rien à envier à ses concurrentes. Issue du rêve et de la ténacité d’un couple charmant, Jean-Sébastien Bernier et Anne-Marie Lachance, elle est sise dans un site enchanteur et, surtout, elle offre ce que l’on ne peut goûter nulle part ailleurs.

Jean-Sébastien, titulaire d’un bac en arts plastiques obtenu à Trois-Rivières, ne se doutait sûrement pas qu’un jour il œuvrerait dans une tout autre sorte d’art, celle de maître brasseur. La route de la bière a commencé pour lui quand il s’est mis à faire quelques expériences à titre de brasseur maison. Dans l’une de ses créations, il incorpora du houblon Willamette, un ingrédient qui s’avérera déterminant.

Vers la fin de ses études au cégep, son père lui fit savoir qu’il y avait à Saint-Hyacinthe un bar nommé le Bilboquet où on brassait de la bière. Jean-Sébastien alla rencontrer le propriétaire, François Grisé, pour lui offrir ses services de brasseur. La réponse fut négative sous prétexte que Grisé brassait alors ses bières tout seul. Histoire de faire passer sa déception, Jean-Sébastien s’attable au bar pour commander une pinte de rousse. À la première gorgée, il décèle un goût familier. Il apostrophe alors le propriétaire en lui lançant spontanément : « C’est du Willamette, ton houblon? » Quelques semaines plus tard, Jean-Sébastien devenait le nouveau brasseur du Bilboquet, où il travaillera pendant six ans.

Son parcours brassicole le mènera vers de nouveaux défis. Sur la recommandation de Michel Gauthier, des Laboratoires Maska, il est embauché à la Brasserie Aux 4 Temps, toujours à Saint-Hyacinthe. Il y gagnera beaucoup d’expérience en y brassant les Gargouille blonde et rousse, L’Exaltée, une bière de type Alt, La Montérégienne, La Stouque, la Hek, et des boissons comme l’Ave Caesar, un semblant de Bloody Mary. La vague des bières de spécialité étant en plein essor, on lui confie l’élaboration d’une scotch ale. C’est ainsi que naîtront la Corne de brume et la Mary-Anne, une Two Penny, deux bières très appréciées à l’époque.

Sa relation avec ses employeurs n’étant pas au beau fixe et la santé financière de l’entreprise devenant de plus en plus précaire, Jean-Sébastien décide de retourner vers son premier job au Bilboquet. Avec sa copine Anne-Marie, il songe néanmoins à mettre sur pied sa propre brasserie, et tous deux se prennent à rêver d’aller s’établir aux îles de la Madeleine. Anne-Marie était déjà une inconditionnelle des Îles et Jean-Sébastien fut rapidement séduit à son tour par la beauté de l’archipel. Le couple y emménagea en janvier 2001.

Après avoir préparé leur plan d’affaires, ils mirent plusieurs mois à dénicher un local. Ils finirent par trouver une usine abandonnée où l’on transformait autrefois des produits de la mer. Comme le dit Jean-Sébastien : « La bâtisse, passablement abîmée par de nombreuses tempêtes, se dressait tout de même fièrement face au coucher du soleil. » Grâce à l’aide du gouvernement aux jeunes entrepreneurs et de quelques investisseurs privés, après quelques modifications au bâtiment et un grand ménage, la microbrasserie put enfin ouvrir; on était le 26 juin 2004.

Le nom retenu a été inspiré par deux choses. Primo, les propriétaires étaient des fans de Jim et Bertrand, dont l’un des albums s’intitulait À l’abri de la tempête. Secundo, l’hiver 2003-2004, année où ils acquirent le local, fut très rigoureux. On y a enregistré, certains jours, des vents soufflant à plus de 140 km/h!  « À l’abri de la tempête » était donc tout indiqué.

Première microbrasserie en Amérique du Nord à malter ses propres céréales pour confectionner ses bières, À l’abri de la tempête utilise aussi l’orge et le houblon que les agriculteurs locaux cultivent pour répondre aux besoins de la brasserie. Des algues ramassées sur les plages avoisinantes servent à clarifier le moût. Dans le but de diminuer l’impact environnemental du transport, on utilise le plus possible les matières premières de l’archipel. Il en résulte que les bières ont un goût typique de la région. En fait, ce furent les premières bières issues du terroir québécois.

Ce sont toutes des petits chefs-d’œuvre : L’Écume des Îles, une lager de style tchèque aux accents maritimes; la Pas Perdue, une rousse très désaltérante; la Vieux Couvent, une cervoise de blé aux herbes; la Grave du Café, une noire crémeuse aux accents de moka; la Corne de Brume, une scotch ale sublime qui est revenue à la vie en partie par suite de quelques pressions que Jean-Marie Boileau et moi-même avons exercées sur Jean-Sébastien, mais surtout grâce à ce dernier, qui l’avait créée. Il a bien voulu la rebrasser (pour nous et sûrement quelques autres) et la rendre aussi délectable que ce qu’elle était autrefois.

Côté nourriture, les produits des Îles sont bien évidement à l’honneur. Les poissons fumés du Fumoir d’antan, la terrine à l’écume de cochon tout rond, le pain à la bière de la boulangerie La Fleur de sable, le saucisson de loup-marin et des fromages locaux tels le réputé Pied-de-vent et la Tomme des Demoiselles sont alléchants juste à les nommer.

Des soirées thématiques sont organisées pour divertir la clientèle. Une fois par mois, c’est la soirée KinOcéan, où on projette des courts métrages réalisés par des Madelinots. Pour leur part, les soirées Salsa rendent les nuits aussi chaudes que celles des Caraïbes. On offre également des ateliers de dégustation avec différents thèmes : l’histoire de la bière, bière et politique, stouts et chocolats, etc.

Les îles de la Madeleine ont toujours été un des plus beaux coins du Québec : les plages de sable fin à perte de vue, les falaises vertigineuses aux couleurs changeantes, la mer partout où que l’on regarde, les poissons et les fruits de mer d’une qualité incomparable, l’accueil formidable des Madelinots attirent les touristes en grand nombre chaque année. Il faut dorénavant ajouter à ces attraits la microbrasserie À l’abri de la tempête, ses bières merveilleuses et, surtout, le sympathique couple qui nous les offre.

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