L’histoire de la bouteille de vin, 300 ans d’histoire !
Dans un premier temps, le rôle de la bouteille de vin se limite à assurer le trajet de la cave du vigneron et/ou du tavernier à la table. Mais le roi Louis XV finira par autoriser officiellement le transport du vin en bouteilles à commencer par le champagne (1728), puis le bourgogne (1750). Dans la région de Bordeaux, l’usage de la bouteille s’est imposé de lui-même et a été reconnu dès le début du XVIIIème siècle.
Durant cette période, les Britanniques mettent au point une bouteille en verre noir très épais, avec une large base. Bien bouchée grâce au bouchon de liège qui vient de voir le jour, elle remplace la barrique qui n’était pas toujours parfaitement hermétique. Les vins français peuvent désormais s’exporter dans de bonnes conditions. La bouteille se révèle essentielle, surtout pour le développement du champagne dont la prise de mousse ne peut se déclencher qu’une fois la mise en bouteilles et surtout avec des bouteilles résistantes à la pression et très bien bouchées. Toujours au XVIIIème siècle, il est constaté que le vin se bonifie en vieillissant. Les amateurs se tournent alors vers des vins plus âgés, aux arômes et aux saveurs plus fins et plus complexes.Dès 1760, les appréciations sur les vins se multiplient dans les récits et les guides de voyage. Ce sont les prémices du discours œnologique qui va se développer au cours des années 1800.
Après la naissance du système métrique en 1792, la bouteille de vin sert aussi d’unité de mesure. D’autant que sa fabrication est de mieux en mieux maîtrisée. La contenance à 0,75 cl ou encore 750ml sera officialisé en 1866. Elle ne sera pas choisie au hasard : une caisse de 6 bouteilles (4,5 litres) équivaut au gallon du système impérial britannique…et pour cause : qui paye commande ! Ou plutôt, comme disent les anglais : « He who pays the piper calls the tune » (celui qui paye les pipeaux choisit la musique). N’est-il pas ? Côté pratique : une bouteille de 75 cl permet de remplir 6 flûtes (ou 6 verres de vin). Les magnums, jéroboams etc. sont des multiples de ce format.
Autre préoccupation des producteurs & commençants ; Les vins doivent être protégés des rayons lumineux pour préserver leur goût et leur couleur. La bouteille joue là encore un rôle essentiel. Paradoxalement, les vins rouges, qui bénéficient d’une protection naturelle par leurs tannins, sont aussi embouteillés dans des contenants de teinte verte, parfois tirant sur le jaune ou sur l’ambre, qui filtrent parfaitement les rayons lumineux. A l’inverse, les vins blancs et rosés nécessiteraient une protection plus importante. Mais quelle tristesse de cacher à la vue toutes les nuances de ces vins : du jaune paille au jaune or, du rose saumon au rose œil-de-perdrix… ! C’est pourquoi ils sont malgré tout présentés dans des bouteilles transparentes.
Les champagnes sont les plus fragiles à la lumière. Quelques minutes au soleil peuvent suffire à leur donner un « goût de lumière » indésirable. Pour éviter une altération des vins, il faudra simplement veiller à ne pas les exposer longtemps à la lumière. Sinon, penser à les emballer dans du papier de soie.
Au vu de ces trois siècles d’histoire, l’expression « avoir de la bouteille » prend tout son sens !
Merci Flore de Hauss-Boncza
Photo : http://www.point-fort.com/index.php?2011/11